Saturation des réseaux électriques : l’UVCW demande une Task Force de crise
La décarbonation de la société implique une transition énergétique qui se traduit par l’électrification des usages et le déploiement des unités de production d’électricité renouvelable.
La transition énergétique se matérialise en particulier au travers de plusieurs révolutions pour le secteur de l’énergie : la production décentralisée d’électricité renouvelable ; le déploiement de la mobilité électrique et des infrastructures de recharge ; la décarbonation du chauffage, notamment via le recours aux pompes à chaleur ; l’électrification de l’industrie, en particulier pour les nouveaux bâtiments dans un premier temps ; le déploiement des parcs de batteries.
Ainsi, les réseaux d’électricité sont soumis à des injections multiples et qui peuvent être massives au niveau des installations de production décentralisées, pour lesquelles ils n’ont pas été conçus et dimensionnés. De plus, les gestionnaires de réseaux font face à une multiplication des demandes de raccordement nettement plus puissant en prélèvement.
A côté de la transition énergétique, il convient également de citer la digitalisation des usages qui accroit fortement les besoins en électricité et en puissance au niveau des data centers.
La transition énergétique, mais aussi numérique, modifie et intensifie les sollicitations des réseaux de transport et de distribution d’électricité. Il en résulte que de plus en plus de zones du territoire wallon sont sujettes à la saturation des réseaux d’électricité. Ainsi, différents porteurs de projet font face à l’absence de solution pour le raccordement électrique : d’importants projets ne peuvent être mis en œuvre et plusieurs projets sont à l’arrêt pour au moins 5 ans compte tenu des délais de réalisation des investissements pour le renforcement des réseaux projetés par les gestionnaires de réseau. A titre d’exemples, nos membres nous signalent que, y compris dans les centralités : les terrains ne peuvent plus être vendus dans les parcs d’activité économique ; les projets en cours (logements, hôpital, activités de services ou récréatives, centre commercial, etc.) sont à l’arrêt ou remis en cause ; les bornes de recharge ne peuvent plus être utilisées sur certains parkings, etc.
Ce manque d’accès à la puissance constitue un obstacle majeur pour le développement économique et social de la Wallonie, ainsi que pour son attractivité et sa compétitivité, et induit un déséquilibre territorial en freinant ou stoppant les investissements dans certaines zones.
La Ministre wallonne de l’Energie a initié une Task Force gouvernementale « Puissance et Flexibilité énergétique » dont la première réunion a eu lieu fin septembre 2025 afin d’anticiper et répondre aux enjeux énergétiques et industriels de la Wallonie notamment en mettant en adéquation les futurs plans d’investissement des gestionnaires de réseaux en phase avec l’analyse des besoins capacitaires futurs des entreprises. L’objectif poursuivi par cette Task Force répond à un enjeu majeur mais ne permet pas de répondre aux difficultés immédiates actuellement rencontrées sur le terrain par les porteurs de projets souhaitant développer leurs activités sur le territoire wallon.
Les intercommunales de développement économique, par le biais de leur association Wallonie Développement, ont proposé à la Ministre wallonne de l’Energie, de créer une Task Force spécifique de crise permettant d’identifier, séquencer, sélectionner et prioriser toutes les mesures à mettre en œuvre dès à présent pour garantir une capacité électrique a minima « acceptable » aux porteurs de projets, dans l’attente des futures politiques stratégiques d’investissement à initier pour répondre aux enjeux énergétiques ; cette demande est focalisée sur les parcs d’activités économiques et l’accès des entreprises à la puissance électrique. L’UVCW demande d’étendre la portée de cette Task Force à l’ensemble des projets qui permettent de répondre aux besoins sociaux et économiques des différents territoires en Wallonie (création de logements, infrastructures hospitalières, centres de formation, activités de services, commerciales et récréatives, etc.). L’UVCW souhaite en être un membre actif.
L’UVCW demande également qu’une réflexion soit menée en matière de priorisation des usages afin que des besoins essentiels puissent être rencontrés prioritairement. Le principe du « premier arrivé, premier servi » n’est plus acceptable lorsqu’une ressource (en l’occurrence l’accès à la puissance) est devenue rare.
Il nous semble enfin qu’un cadastre des zones et des points problématiques doit être réalisé et tenu à jour afin d’éclairer les décisions des autorités locales pour l’octroi des demandes de permis.


